De la morale
Ô morale ! Parfum de vertu,
Effluve de bromure flétri :
Dans le jardin de mes envies
Le fruit tu me l’as défendu ;
Tu es l’universalité
Des accords, l’unisson des cœurs ;
Concorde abusée par les leurres
Et les jeux de la fausseté ;
Âme de l’apôtre arbitraire
En chaque conscience où tu sièges
Tu réinventes les arpèges
Du remords en un chant amer ;
Tu nous fais baisser le regard
En nous imposant ta censure
Sur les beautés de la nature :
Dans l’interdit de l’avatar ;
Chantre des psaumes du devoir,
Carcan de l’asservissement
Justifiant tous les châtiments :
Dans le sacrifice expiatoire ;
Dogme érigeant les échafauds
Tu es l’alibi de nos crimes,
Tu amnisties et tu réprimes
Au gré de l’humeur des drapeaux ;
Tu es garde fou, ce surmoi
Qui scrute toutes nos actions
En refoulant l’approbation
Dans l’inhibition de l’émoi ;
Vérité dans les intérêts
Des uns, instrument du malheur
Quand tu achètes le bonheur
Des autres, en fossoyeur du vrai.
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