Chronique d’une œuvre ratée
Le jour où certains des hommes se mirent à croire
Qu’un Dieu pouvait présider à leur destinée,
Ils ne tardèrent à se targuer, à plastronner
Dans un de ces bonheurs les plus jubilatoires ;
La fatuité et la pitoyable indécence
De cette supériorité élective,
Flattait leur égoïsme et leurs prérogatives
Dans l’exacerbation de leur toute-puissance ;
Ils se mirent alors à essayer de comprendre
Les textes sacrés maculés et réécrits
Comme une épitaphe aggravant leur dyslexie
Sur les restes de leur raison réduit en cendre
Par des vérités restées incompréhensibles :
Dans l’obscurantisme d’un dogme prometteur,
Soignant leur peur dans un message rédempteur
Et qui expurgé leur devenait accessible ;
Tous comprirent qu’ils avaient été désigné
Et ce sentirent investis dans une mission,
Pour sauver les âmes égarées, de conversion
Pouvant justifier alors des pires péchés ;
Ils crurent lire qu’il y avait un paradis
Et c’est bien là que commença pour tous l’enfer :
Nul n’espérant plus rien en cette pauvre terre
Ils décidèrent que tous leur était permis ;
Ainsi tous les hérétiques ils sacrifièrent
Pour s’attirer ses faveurs et être reconnu
Comme de fidèles soldats cherchant le salut
Dans les offrandes pour honorer leur Saint-Père ;
Lorsqu’ils surent qu’ils étaient faits à son image,
Ils finirent exaltés par se prendre pour lui :
Ils bénirent les atrocités, les barbaries
Accomplies en son nom dans d’extatiques rages :
Leur orgueil était à son comble et nourrissait
Toutes les ambitions chez les moins scrupuleux
Qui virent très vite tous les avantageux
Pouvoirs de domination qu’ils en tireraient :
Ils entreprirent ainsi d’éduquer les enfants
Pour avoir l’assurance qu’ils restent plus sages
Par la culpabilité et l’amidonnage :
Dans les catéchèses de l’endoctrinement ;
Mais des doutes apparurent sur sa perfection
S’emparant des esprits sains qui tout effrayés
Se mirent à réfléchir et désespérer
Comprirent enfin ses véritables intentions ;
Ils regrettèrent d’être nés, leur filiation
Ils rejetèrent pour ne plus lui ressembler :
L’opprobre était jeté sur notre humanité,
Blessée pour des siècles par tant d’humiliation ;
Certains commencèrent à dirent que si Dieux
Existait, il aurait tant à se justifier
Qu’il vaudrait mieux qu’il ne se soit ressuscité
Et qu’il nous ait fait de véritables adieux ;
Il y en eût qui le dire mégalomane :
En prétendant pouvoir sauver nos pauvres âmes
De l’enfer expiatoire, jeté vif dans les flammes,
Il passait pour un de ces pompiers pyromanes ;
D’autres enfin pensèrent, qu’avec tant d’infirmités
Si peu de vertu, mieux valait ne croire en lui,
Qu’il devait être porteur des pires ennuis :
Heureux ces Romains qui eurent à le crucifier ;
Quel créateur peut-il se trouver dépassé
A ce point par une œuvre dont il est l’auteur
Et dont aujourd’hui il n’est plus à la hauteur,
Si ce n’est aux cieux où l’on cherche à l’excuser ?
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